L’or a toujours suscité fascination, vénération et convoitise depuis des milliers d’années. Les Egyptiens l’utilisaient dans leur architecture, comme monnaie d’échange et pour la décoration de leurs tombes royales dans lesquelles étaient enfermés les momies et leurs bijoux en or.
En 1901, le grand archéologue britannique Flinders Petrie a découvert à Abydos dans la tombe du roi Djer de la dynastie I (3000 ans avant J.C.) un bras momifié que quelqu’un avait laissé dans un coin. Le membre probablement d’une femme, était enveloppé dans des bandages en lin. Quand Petrie les a retirés, quatre splendides bracelets composés d’or, de turquoise, de lapis-lazuli et d’améthyste sont apparus devant ses yeux. Les quatre bijoux, conservés de tout leur éclat dans le musée du Caire, sont un des témoignages les plus anciens de la présence de bijoux en or de l’Egypte Antique.
Il est certain que dans plusieurs tombes prédynastiques, des petits échantillons d’or ont été retrouvés mais c’était à l’époque de Tinis (la période dans laquelle la capitale de l’Egypte était Tinis, dans la haute Egypte, jusqu’à la dynastie II) quand les orfèvres égyptiens avaient atteint une grande habileté. Ce haut niveau de compétence s’est maintenu pendant les périodes suivantes comme le prouve les trouvailles de la pyramide du pharaon Sekhemkhet de la dynastie III, en particulier un récipient en or de forme conchoïdale et un bracelet composé de sphères dorées.
En ces temps anciens, les Egyptiens trouvaient l’or dans des gisements relativement proches, en particulier dans les uadis (cours d’eau secs) du désert oriental de la haute Egypte dans le sud du pays. Ce n’est pas avant le Moyen Empire, à la fin du troisième millénaire avant J.C. que l’or a commencé à être importé massivement de la Nubie vers l’actuel Soudan. L’abondance d’or a renforcé le goût de la cour pour les bijoux au moment où l’influence artistique du Proche Orient inspirait de nouvelles formes et techniques d’orfèvrerie. Les trésors de certaines tombes de reines et de princesses de la dynastie XII, exhumés par Petrie et Jacques de Morgan dans le Lahun et Dashur, reflètent la perfection atteinte dans l’art de la fabrication de bijoux en or.
Durant la dynastie XXI, les techniques et les motifs ont atteint une haute perfection comme les superbes vases trouvés dans la tombe de Psusennes I. Il existe de nombreux témoignages de la passion des Egyptiens pour l’or. Un des plus spectaculaires est le trésor du Moyen Empire que l’archéologue français Fernand Bisson de la Roque a trouvé en 1936 parmi les restes d’un temple érigé en l’honneur du roi Sesostris I, second pharaon de la dynastie XII et qui sont apparus sous les décombres d’un temple greco-romain dans la localité de El Tod.
L’or: le métal des dieux
L’or était classé en tête sur l’échelle de la hiérarchie des métaux précieux devant l’argent et le cuivre. Ceci s’explique en partie à cause de ses caractéristiques physiques. Obsessionés par ce qui est permanent mais jamais par ce qui meurt, les Egyptiens ne pouvaient s’empêcher d’encenser le métal jaune inaltérable par excellence. Mais il y avait aussi une explication religieuse très profonde. L’éclat de l’or évoquait la splendeur du dieu Re ou Ra dans toute sa majesté, le soleil à son zénith. De fait, ils pensaient que l’or était la chair des dieux tandis que leurs os étaient en argent et leurs cheveux en lapis-lazulis. De plus, comme les Egyptiens considéraient le pharaon fils du soleil et l’identifiaient comme Re, ils utilisaient l’or en abondance dans le trousseau funéraire de leurs rois.
Selon cette conception, l’or possédait un pouvoir régénérateur et aidait le pharaon défunt à sa renaissance comme cela a été le cas pour Osiris. Depuis, dans les tombes royales de l’époque de Ramsès, des chambres funéraires appelées « chambres de l’or » ont été créées et dans lesquelles on finissait la régénération du roi défunt. Beaucoup de ces chambres étaient peintes en jaune, couleur associé à l’or.